Qu'il est étrange, quand du soir l'étoile solitaire, précédant de la nuit le vaisseau silencieux, s'élève lentement dans la voûte des cieux et que l'ombre et le jour se disputent la terre.
Qu'il est étrange de suivre ces pas mystérieux au fin fond de la galaxie, vers ce Cercle rustique dont le secret a couvert le majestueux portique mais où le ciel encore parle à certains coeurs valeureux !
Salut, dirigeants secrets ! Salut, consortium funéraire qui des ténèbres est l’ombrageux dépositaire
Quelle nuit ! Quel silence ! au fond de ce sanctuaire.
A peine aperçoit-on une tremblante lumière .... la mémoire de Kalisto qui brûle auprès d’un simple autel.
Seule elle luit encore, quand l’univers gronde, emblême consolant de la bonté qui veille pour recueillir ici les soupirs des mortels.
J’avance.
Aucun bruit n’a frappé mon oreille, le parvis frémit seul sous mes pas mesurés..du sanctuaire de Kalisto enfin j’ai franchi les degrés.
Mur sacré, saint autel ! je suis seul et mon âme peut verser devant vous Oh Muse, ses douleurs et sa flamme et confier au ciel des accents ignorés que lui seul connaîtra, que vous seule entendrez.
Et de cet autel j’ose m’approcher sans crainte !
J’ose apporter au sein de cette sombre enceinte un cœur encore brûlant de douleur et de fraternel amour.
Et je ne tremble pas, dirigeants, que votre colère sainte ne venge le respect que nous devons à son séjour.
L’ange ne craint pas la noirceur qui vous consume quant la lumière est innocente, quant la vertu l’allume aussi pure que l’âme de Kalisto à qui nous avons juré de défendre la flamme ypséenne tel un feu sacré.
Adieu, nobles dirigeants ! Adieu sombre demeure !
Deux fois l’echo nocturne a répété les heures depuis que devant vous mes larmes ont coulé. Le ciel a vu ces pleurs, et je sors consolé.
Peut être au même instant sur un autre rivage,Kalisto veille aussi, seule, avec nos images
Trajan,
(vo Lamartine)